Editorial.
LES PELERINAGES A LOURDES
LA SOURCE.
Elle avait posé sa question et les enfants la fixaient maintenant des yeux. Ils s’étaient rassemblés dans le baraquement au bout de la cité, cette cité nouvellement sortie de terre à l’emplacement de l’ancien camp – dit du "Château de France », à Noisy-le-Grand. Elle venait là depuis un an pour un temps de catéchisme, rencontrer ces enfants d’un autre monde que le sien...
Elle raconte : "Ce jour là, un enfant a dit : "C’est embêtant... on parle de Dieu, le Seigneur, on dit Jésus, on dit le crucifié, mais qui c’est ça ?" Alors j’ai dit : "D’abord je vais vous poser une question. Vous me répondez ? Pour vous qui est Jésus ? Vous avez entendu parler de lui ? Qui est Jésus ?" Silence et puis tout à coup une petite voix : " Moi je crois que c’est toi." Ah ! Qu’est ce qu’on peut répondre à cela. Vraiment, je me suis sentie mourir à l’intérieur. J’ai ouvert la bouche en me disant : "Mais qu’est ce que je réponds ?" Quelqu’un d’autre a répondu : "Ah oui, parce que tu nous parles de Dieu." Et un troisième a dit : " Oui, comme celui qui est en blanc et qui fait Dieu à l’Eglise et qui nous parle aussi de Dieu." C’était incroyable ! Je n’avais pas besoin de faire le catéchisme, c’est eux qui le faisaient. Ils montraient le chemin, je n’avais qu’à suivre. Et ça a été comme cela tout le temps. Le Seigneur savait que j’étais incapable d’expliquer. Je crois que c’était mon secret, mon seul grand secret."
Elle partait aussi régulièrement à Lourdes. Entre les enfants de Noisy et Bernadette, la plus pauvre et la plus ignorante de son pays, elle a vite reconnu cette même familiarité avec les choses d’en-haut... Une volontaire du mouvement ATD l’a interpellée :" Pourquoi ne pas emmener les familles de la cité à Lourdes ?"
Un premier pèlerinage, quasi miraculeux eut lieu en 1973. Comme une petite source qui allait donner naissance à un fleuve ! Et notre communauté du Sappel puise aujourd’hui à cette source-là.
Notre aventure des pèlerinages familiaux de l’été 2007, riche et forte, a alimenté le fleuve. Mais combien il est important d’aller se mettre à l’endroit où la terre a été grattée et où l’eau, en un mince filet, a surgi de la boue...
Merci Bernadette, merci Daisy
Geneviève Davienne.